En novembre 2024, le projet « De la maternité à la parentalité partagée » a été lancé dans le but de promouvoir une vision de la parentalité comme une responsabilité partagée entre les deux parents. Cette initiative, portée par la Conseillère à l’égalité des chances de la Région Vallée d’Aoste, en collaboration avec les syndicats Cgil, Cisl, Uil et Savt, cherche à sensibiliser la communauté valdôtaine aux défis de la conciliation entre vie professionnelle et familiale, souvent inégalement répartis entre les hommes et les femmes.
Les données révélées par la Conseillère à l’égalité sont alarmantes : entre juin et septembre 2024, 92 travailleuses de la Vallée d’Aoste ont démissionné après la naissance de leur premier enfant. Parmi elles, 58 ont invoqué l’impossibilité de concilier leur travail et leurs responsabilités familiales comme principale raison. Le manque de soutien familial, l’accès limité aux services de garde d’enfants et l’absence de solutions de travail flexible figurent parmi les obstacles majeurs auxquels sont confrontées ces mères.
À l’inverse, les chiffres concernant les pères montrent une tendance différente. 36 pères ont démissionné dans la même période, mais la majorité d’entre eux l’ont fait pour changer d’entreprise ou de secteur, et non en raison de difficultés de conciliation. Cette différence met en lumière un déséquilibre persistant où la charge de la parentalité repose encore largement sur les femmes, ce qui limite leurs opportunités professionnelles et crée un écart important entre les sexes.
Le projet « De la maternité à la parentalité partagée » entend donc intervenir sur ces inégalités. L’objectif est de sensibiliser non seulement les parents, mais aussi les employeurs, à la nécessité d’un partage équitable des responsabilités parentales. À travers des rencontres organisées sur le territoire, notamment à Aoste, Morgex et Aymavilles, ce projet met en avant l’importance de politiques de conciliation qui permettent aux deux parents de participer activement à l’éducation et à l’épanouissement de leurs enfants. Il s’agit d’un changement culturel où la parentalité ne doit pas être perçue comme un fardeau uniquement féminin, mais comme une occasion de construire un modèle de société plus juste et égalitaire.
Les outils de soutien, comme le congé parental, l’allocation unique universelle et les aides à la garde d’enfants, sont des leviers importants pour permettre aux familles de mieux gérer cet équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Toutefois, ces droits doivent être accompagnés de mesures concrètes de flexibilité au travail et d’une volonté politique de rendre ces dispositifs accessibles à tous. Il ne s’agit pas seulement de légiférer, mais de créer un environnement de travail qui reconnaît et valorise les responsabilités familiales.
Le projet propose également une brochure d’information qui recense ces droits et fournit des informations pratiques aux familles. L’objectif est d’aider les parents à mieux comprendre et utiliser les ressources disponibles pour soutenir leur parcours de parentalité.
Cependant, pour que cette vision de la parentalité partagée devienne une réalité, il est nécessaire que les politiques publiques, les services sociaux et les entreprises s’engagent activement à soutenir cette démarche. La parentalité partagée doit être perçue comme un enjeu collectif, et non privé, afin de favoriser une société dans laquelle tous les parents, indépendamment de leur sexe, puissent jouer pleinement leur rôle.
En conclusion, le projet « De la maternité à la parentalité partagée » représente un point de départ essentiel pour une évolution culturelle et sociale qui pourrait améliorer la qualité de vie des familles valdôtaines. Mais ce changement ne sera durable que si les politiques de conciliation, les services de soutien aux familles et les pratiques professionnelles sont renforcés. Seul un engagement global pourra garantir un avenir où la parentalité est réellement partagée et vécue comme une responsabilité collective.